Envoûtants et troublants ces êtres si humains, proches de nous et cependant différents. Seuls ou réunis ils nous confrontent à notre propre réalité, à la vie dans toutes ses dimensions.
Anne Bothuon n’utilise ni glaise, ni pierre, ni marbre, ni plâtre ou autres matériaux, elle sculpte les corps à partir de ouate et gaze de tarlatane cousues. Parfois des fils colorés courent sur cette surface blanche, l’animent, l’irriguent de vie. L’effet est saisissant. « Je couds l’accès à mon désir. Je brode l’humanité » dit l’artiste. Ces créations textiles possèdent une âme. Modelés, cousus, ces corps-tissus exécutés en pied deviennent réalité. L’artiste leur insuffle vitalité et personnalité. Elle pose sur eux un regard sensible et sans concession, parfois usés par le temps ou dans la jeunesse, ils apparaissent toujours d’une rare vérité.
Puissants ou fragiles, ces personnages traduisent les sentiments qui nous animent, parfois une sorte d’inquiétude ou de tristesse envahit les visages expressifs au regard intense, comme s’ils étaient en quête d’être reconnus. Ils incarnent « La Sagesse » ou « La Danse » mais encore des thèmes plus durs « Dévoration » ou plus humains : « Mater Dolorosa », une souffrance difficile à apaiser. La beauté ou la dégradation est ici représentée dans sa vérité qui seule compte pour Anne Bothuon . L’on mesure la difficulté de traduire par la ouate, matière molle, la vérité d’un corps, d’une expression. Une fort intéressante re-création de l’être.
Prix Taylor (sculpture)
Créés par décision du Comité. Ces deux prix Taylor de sculpture sont attribués sans condition, alternativement d'une année sur l'autre avec les prix Charles Malfray et Andréï-Graec.