Je dis que ces associations, dont plusieurs sont déjà anciennes, ont rendu d’immenses services. Elles embrassent la famille presque entière des artistes et des écrivains. Elles connaissent toutes les misères, toutes les souffrances, toutes les pudeurs. Elles font pénétrer les bienfaits plus avant que ne le fait le gouvernement […] c’est à dire qu’elles peuvent faire plus de bien avec moins d’argent …
Victor Hugo, en 1850 à la tribune de l’Assemblée nationale
En quelques années, des sociétés de secours mutuels se fondent à l’initiative de Taylor.
La première de ces associations naît en avril 1840 et regroupe les artistes dramatiques. Les musiciens s’associèrent à leur tour, sous la présidence de Taylor au mois de mai 1843. Et le 7 décembre 1844 est constituée l’Association des Artistes peintres, sculpteurs, architectes, graveurs et dessinateurs. En 1849, Taylor propose aux artistes et inventeurs industriels de se regrouper. Cet appel est entendu car il s’agit de défendre « la propriété industrielle et commerciale ».
En moins de vingt ans, le baron Taylor réussit à rassembler autour de lui, par le biais de ces quatre associations de secours mutuels, une partie importante des milieux artistiques. Il étend son patronage à la Société des Gens de Lettres et à celle des Auteurs et Compositeurs. Dès 1850, il s’efforce de resserrer les liens fraternels entre ces divers groupements. Il lance un bulletin de liaison, l’Almanach des lettres et des arts et crée un comité de coordination pour défendre devant l’opinion et le pouvoir politique des causes importantes et d’intérêt national.
D’un régime à l’autre, les sociétés fondées par Taylor ont dû compter plus sur elles-mêmes que sur l’Etat. Elles ont été contraintes, dès leur origine, de prendre en main leur propre destin, leur existence est à la mesure de leur succès, révélé en particulier par le nombre et la fidélité de leurs adhérents. Très rapidement Taylor donne à ces différentes sociétés une dimension nationale et même internationale.
Leur développement a dépendu en grande partie de toute une série de dévouements les uns célèbres, les autres plus obscurs et anonymes qui ont contribué à les doter des moyens financiers nécessaires pour secourir les sociétaires malades ou âgés ou encourager les jeunes talents.
Il est de par la ville un excellent homme – le meilleur des hommes – qui se mit un jour en tête de venir en aide à une foule de pauvres gens qu’il ne connaissait pas. Il n’en choisit pas un ou deux, l’égoïste ! Il les voulait tous.
Félix Tournachon dit Nadar