"Ma manière, - elle ne m’est pas spéciale, mais naturelle, - est d’aller de la nuit à la lumière, c’est à dire, en gravure sur bois, de considérer la planche comme une surface noire où j’ouvre les blancs. J’ébauche d’abord ces blancs purs et je les modèle ; je tâche encore de les faire chanter en poursuivant leur enveloppe d’un œil heureux."
Raphaël Drouart, in « Le livre et l’estampe », n°2, février 1923
Après des études à l’École des Beaux-Arts de Paris, dans l’atelier de Cormon, Raphaël Drouart découvre,
dans le cadre d’un voyage d’études, l’Italie, l’Allemagne, la Belgique, les Pays-Bas et l’Angleterre. De retour à Paris, l’artiste fréquente les Nabis et devient élève de Maurice Denis à l’Académie Ranson. Il collabore notamment avec lui à la décoration du théâtre des Champs-Élysées. Peintre, dessinateur et graveur, Raphaël Drouart a également travaillé en tant qu’illustrateur pour différents éditeurs d’art. Son travail a été récompensé de nombreuses décorations. Ses œuvres figurent notamment dans les collections du Musée national d’art moderne, du Musée d’art moderne de la ville de Paris, du musée des Beaux-Arts de La Rochelle, des musées de Brooklyn, Chicago, New York, Londres.
Scènes mythologiques et religieuses, portraits, nus, natures mortes, les sujets des œuvres de Raphaël Drouart sont aussi variés que les techniques qu’il utilise (manière noire, eau-forte, burin, pointe sèche ou gravure sur bois). Le monotype et les bois gravés étaient sans doute les procédés d’expression qui convenaient le mieux à la nature de son talent et à la richesse de sa vision. Raphaël Drouart est aussi l’inventeur du procédé de gravure au noir de fumée (« une manière noire obtenue sur une planche de cuivre noircie d’une couche de noir de fumée »).
On a tour à tour comparé sa manière à celle de Gustave Moreau, d’Odilon Redon et de Fantin-Latour : il porte, en effet, l’hérédité de ces grands maîtres, mais en les assimilant, il a fait une œuvre nouvelle d’où sa personnalité se dégage tout entière et « intacte ». Sa technique aussi est bien à lui. Il n’est pas dans notre rôle d’entrer dans le détail des procédés ; notons seulement que, par la gravure au noir de fumée, il obtient des effets d’éclairages et des gammes de tons, nuancés à l’infini. Il est peintre dans le maniement subtil du noir et du blanc.
Pierre Mornand, "Raphaël Drouart, poète graphique du symbole païen et religieux", in Le courrier graphique, n°4, mars 1937
Les œuvres présentées dans le cadre de cette exposition font partie de la donation effectuée par le petit-fils de l'artiste.