Tout commence par lʼappropriation physique et intime dʼun médium : le papier Hanji. De tradition millénaire, ce papier coréen a nécessité de longues étapes de préparation.
A mon tour, comme à rebours, je le déconstruis.Désagrégé dans lʼeau, sa texture originelle, fine et solide, sʼagglutine. Elle se densifie lentement au contact de mes mains. Cette nouvelle pâte épaisse trempe quelques jours puis est appliquée sur une planche de bois. Suit lʼabsorption du surplus dʼeau et le temps du séchage. Le papier se contracte naturellement et cʼest à partir de ses ondulations aléatoires que le pinceau révèle les volumes, souligne ou contredit les reliefs du papier. Un nouveau paysage surgit, se libère de la mémoire. Sans repentir possible, chaque ligne qui sʼimpose sur lʼépiderme trace des cheminements intérieurs.
Cet acte répétitif et rythmé par le corps ouvre un univers spirituel singulier. Matérialité, forme, ligne, espace, le papier fait sens pour une réécriture tout autant autobiographique quʼimaginaire.