Eugène Viala (1859-1913) - La Cendre du rêve

Tuesday through Saturday from 13h to 19h (except holidays).
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Gravure
Dessin
Vernissage
from 15:00 to 21:00

Remettre en lumière l’œuvre d’artistes insuffisamment reconnus est l’un des fils directeurs des expositions historiques de la Fondation Taylor. C'est dans ce cadre que cette exposition consacrée à Eugène Viala (1859-1913) est présentée en collaboration avec le Musée Denys-Puech de Rodez agglomération et la contribution d'un collectionneur privé. 

 

 Eugène Viala : un artiste à redécouvrir

Né en 1859 à Salles-Curan (Aveyron), Eugène Viala est un artiste aux multiples facettes, aquafortiste, poète, peintre, aquarelliste. De 1877 à 1879, il étudie aux Beaux-Arts de Montpellier puis part à Paris en 1881 suivre l’enseignement de l’Académie Jullian ; il est alors l’élève d’Ernest Hébert (1817-1908).

De 1884 à 1889, il fréquente les quartiers de Montmartre et de Montparnasse avec une bande d’amis, tous épris de poésie, de peinture et d’idéaux. Il revient à Rodez en 1889 et exerce en parallèle l’activité de photographe pour subvenir aux besoins de sa famille et élever ses quatre enfants. De 1890 à 1900, il alterne les séjours entre Paris et Rodez pour vendre ses productions.

Cet artiste libre, voire anarchiste, amoureux de la nature, mène une vie tragiquement pauvre, sans pour autant abandonner sa volonté farouche et sa fièvre créatrice, jusqu’à ce que Maurice Fenaille, grand industriel et mécène de Rodin, Camille Claudel ou Bourdelle, vienne soutenir sa création au début du 20e siècle. Eugène Viala meurt prématurément des suites d’un accident, à l’âge de 54 ans.

Des œuvres d’Eugène Viala intégreront progressivement les collections du musée Denys-Puech qui lui consacrera plusieurs expositions en 1920, 1930, 1959 et 2021. 

L’œuvre gravé d’Eugène Viala comprend 482 entrées dans le catalogue raisonné établi par Jean Costecalde et paru en 2021 aux éditions Liénart. Il se compose essentiellement d’eaux-fortes, d’une toute petite douzaine de lithographies et de quelques rares gravures réalisées à la pointe sèche. Le nombre d’eaux-fortes devient beaucoup plus important – environ 600 – si l’on considère les divers états, à commencer par les réductions. En effet, une spécificité, voire une manie de Viala, était de recouper les plaques, de les réduire, pour produire des moyens ou petits formats à partir des grands. C’est une façon de remettre l’ouvrage sur le métier, de rechercher le cadrage le plus adéquat, de se focaliser sur la partie sensible. 

 

L’eau-forte pour langage de prédilection

C’est par cette technique que son art va se développer et trouver sa singularité. L’œuvre gravé se répartit selon deux axes : visions mordantes, allégories désolées et paysages plus réalistes, mais néanmoins sombres, inspirés par certains aspects austères de sa terre natale, le Lévezou. Viala y développe un goût non dissimulé pour les figures d’arbres tourmentés, luttant contre les éléments.

Ses estampes sont marquées par une forme de romantisme noir traversée de visions oniriques. Viala a fait de l’eau-forte son mode d’expression privilégié au point d’être reconnu par le critique Jules de Saint-Hilaire comme « l’un des maîtres de l’eau-forte originale » en 1911.

La dimension fantastique et visionnaire de son œuvre inscrit Viala dans la filiation des peintres-graveurs qui, de Francisco de Goya à Rodolphe Bresdin et Odilon Redon, furent adeptes du pouvoir suggestif des noirs de l’encre.